La Montre : accessoire de mode... ou mode des accessoires ?
Publié le 26 Octobre 2015
En dehors de l’utilité brute du gourdin, de la sarbacane ou de la sagaie, le genre humain a rapidement apporté à ses instruments et ustensiles des fonctions ornementales. Quand il a commencé à trouver pratique de ne plus avoir à regarder la hauteur du soleil pour reconnaître un moment de la journée, il a réfléchi, se dotant d’un instrument fiable et rapidement portable. On a effectivement toujours aimé pouvoir « porter » sur soi les moyens de savoir où l’on est, avec qui on peut communiquer et à quel moment ! Cette expression « portable » s’est de nos jours insinuée dans tous nos accessoires.
Mais le genre humain étant ce qu’il est, et par-dessus tout obnubilé par le besoin de se démarquer, il a fallu systématiquement ajouter aux fonctions pratiques des outils, des qualités esthétiques, voire flatteuses ! Il est assez souvent rapporté que la montre est l’un des seuls bijoux de l’homme… On oublie parfois les bagues, gourmettes, colliers et autres colifichets, mais évidemment, le garde-temps a une valeur ajoutée notable, qui peut parfois se multiplier en stature, par cent ! Les puristes apprécient le savoir faire des concepteurs de ces bracelets-montres et, comme on est naturellement enclin à héler un plombier pour nos problèmes de tuyauterie, plutôt qu’un généraliste du bâtiment ; il semble plus approprié d’acheter nos garde-temps à un spécialiste plutôt qu’à un boulanger !
Ceci dit, certains métiers ont pris un malin plaisir à diversifier leurs capacités à produire au même endroit, tout ce que l’homme peut porter : des chaussures aux vêtements, en passant par l’ensemble des accessoires qui peuvent aller du simple foulard, en passant par le portefeuille, jusqu’aux montres… débordant même parfois sur des choses auxquelles ont n’aurait pas pensé au premier abord. Est-ce qu’un plombier saurait cuire du pain dans un four de boulanger… ou même préparer des gâteaux ? J’en vois certains qui lèvent le doigt, disant « oui, bien sûr, pourquoi pas ! ». Si personnellement je pense pouvoir changer le bracelet d’une montre ou même la réassembler une fois démontée, je ne pense pas être capable de la régler au quart de poil comme le ferait un homme du métier. Je ne suis pas en train de dire qu'il faut tout compartimenter, mais s’il faut à un psychologue-criminologue, onze années d’études pour être opérationnel, le mot « spécialiste » revêt une signification concrète.
Que se passe t-il aujourd’hui ?
Ces maisons de mode qui produisent des vêtements ou des chaussures souvent de grande qualité, se sentent poussées à augmenter leurs revenus en proposant aussi des montres – elles bénéficieront ainsi de la réputation initiale, parfois sans doute dans l’esprit des gens qui feront l’amalgame. Quelques-unes se sont investis plus lourdement dans cette démarche avec bonheur – Je pense à Montblanc, l’excellent architecte des outils d’écriture, qui a créé une manufacture horlogère possédant les mêmes magnifiques atouts de ses confrères, mettant le même cœur et la même ardeur à produire des objets en tous points superbes dans les deux matières.
Mais ce n’est pas toujours le cas.
Je ne dénigrerai personne, mais j’attirerai plutôt l’attention sur la véritable qualité à laquelle on peut s’attendre de la part de sociétés multiservices qui proposent aussi des montres. Il y en a qui avec le temps ont appris la leçon, faisant finalement appel aux meilleurs assembleurs (qu’ils soient en Suisse, ou à Hong Kong), afin de proposer des articles « suffisants » et qui ne dénatureront pas leur image globale. Mais quelles sont ces maisons ? Vous le savez peut-être, moi, pas vraiment ! Quel est donc le reproche que nous pouvons leur faire ?... le manque de communication !
Rares en effet sont aujourd’hui les fabricants d’horlogeries (surtout dans la gamme standard) qui sont suffisamment honnêtes pour dire où sont assemblés leur produits et par quel qualités d’entreprises, car il existe malheureusement des sous traitants qui vont du meilleur au pire ! Ils se rejoignent souvent avec les entreprises multi produits qui ne sont pas équipées (en raison des coûts) pour produire elles-mêmes. Nous en sommes réduits à guetter le moindre indice qui nous aiguillera vers leur choix d’un mouvement de montre de qualité ou la décision de gagner un label, comme du « Swiss Made » ! Malheureusement, plus nous avançons et plus ce phénomène échappe à tout contrôle, car chacun veut sa part du gâteau (offre et demande oblige), mais cela ne pousse pas la partie vers l’excellence au contraire !
Je sens depuis un moment que vous attendez de moi que je vous donne des noms ! Allez, soyons raisonnables, si vous abordez la question honnêtement, vous saurez rapidement devenir clairvoyants. Je n’ai ni pour vocation, ni pour avantage de dénigrer tous ceux qui veulent finalement honnêtement faire commerce. C’est l’acheteur qui a le dernier mot ! Sachez seulement que plus l’aventure est récente et plus elle a de chances de s’améliorer. Ce qui est le plus important, c’est de savoir ce que nous voulons ! Un bon commerçant vous donnera toujours ce qui compte le plus à vos yeux, même si ce n’est qu’en apparence.
Fin 2016, j'ai rédigé un article plus complet avec une analyse des marques de mode. Voir ici : Mode et montres...la difficile alliance